Sciences humaines & sociales
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« Ce qui doit être tu au tribunal sera dit dans un livre. Nos livres sont infiniment plus audacieux que nous parce que tel un hold-up ils se mijotent à l'abri des regards. Parce qu'une fois achetés et vaguement lus, ils finissent sur une étagère, offerts au regard mais fermés, impénétrables, contenu dérobé, impossible de savoir ce qui se trafique à l'intérieur. »
Un jour de mai 2020, François Bégaudeau échange avec des camarades, sur son site à la fois personnel et public. Il commet, ce jour-là, une phrase qui lui vaudra de comparaître en justice pour diffamation à caractère sexiste et sexuel.
Ça, ce sont les faits.
Ces faits sont l'occasion pour l'auteur d'Entre les murs et d'Histoire de ta bêtise de mener un travail d'auto-analyse et un examen profond de nos contradictions contemporaines. Une fronde railleuse qui laisse place à une réflexion sur nos affects, l'art et la politique. -
Du libéralisme aux algorithmes, en passant par le burnout, les transclasses et la trottinette, François Bégaudeau livre, à travers les maîtres mots de l'époque, une analyse implacable de l'idéologie bourgeoise. « Plus c'est plus gros, plus ça passe, dit-on, et cela ne vaut pas pour mes bonimenteurs. Comme l'ordre syllabique l'indique, le bonimenteur n'est qu'à moitié menteur. Un boniment, pour prendre, doit être un peu vrai. Il est un peu vrai que cet écran plat est plat, et plus léger - le portant je le vérifie -, et plus confortable pour les yeux - rivé à lui je suis confort. La langue du capitalisme intégré est toujours un peu vraie. Il est un peu vrai que nous autres sujets des régimes capitalistes paradigmatiques sommes libres de nos mouvements. Il est un peu vrai qu'un télétravailleur peut disposer de ses horaires. Il n'est pas archi-faux que nos élections sont démocratiques. Les marchands ne mentent pas complètement en disant qu'ils créent de la valeur ou créent de la richesse. Ils devraient juste préciser que cette richesse leur revient. La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible implacable de la précision. »
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S'adressant à l'électeur d'Emmanuel Macron, François Bégaudeau fait la somme des aveuglements qui le font se prendre pour un progressiste de pointe là où il n'est qu'un conservateur de base.
Tu es un bourgeois. Mais le propre du bourgeois, c'est de ne jamais se reconnaître comme tel.
Petit test : tu votes toujours au second tour des élections quand l'extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage. Par conséquent, l'abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible. Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel. Tu es bien convaincu qu'au fond les extrêmes se touchent. L'élection de Donald Trump et le Brexit t'ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d'assez loin ce qui se passe aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Naturellement tu dénonces les conflits d'intérêts, mais tu penses qu'en voir partout relève du complotisme. Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi. Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.
Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi. Prends le risque de l'ouvrir.
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« Après un débat, il y a toujours un débat. C'est ce qui arrive à Lyon à François Bégaudeau, écrivain, essayiste et réalisateur. Des admirateurs, du moins se présentent-ils ainsi, lui proposent de prolonger autour d'une bière. Après les premiers échanges, l'auteur se rend vite compte qu'il a affaire au camp d'en face. » Ouest-France François Bégaudeau est l'auteur de romans, parmi lesquels Entre les murs (Folio, 2007), La blessure la vraie (Folio, 2012), En guerre (Folio, 2020), et d'essais comme Histoire de ta bêtise (Pluriel, 2021) et Comment s'occuper un dimanche d'élection (Divergences, 2022).
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« La question de voter ou non ne porte aucun enjeu.
Je suis un abstentionniste non prosélyte. Je ne fustigerai pas un votant, pas plus que je ne tiendrai un non-votant pour un camarade. Le vote ne devient un sujet que si les votants en font un sujet. C'est souvent le cas. Nombre de votants aspergent de sermons les non-votants, taxés d'incivisme, d'irresponsabilité, d'immaturité, d'individualisme. Les non-votants manquent à leur devoir de citoyens. Ils galvaudent la souveraineté politique qui leur a été gracieusement offerte par la démocratie. C'est ici qu'on est soudain tenté d'entrer dans le débat. De montrer aux électeurs ce qu'ils font quand ils élisent. D'observer qu'alors ils font tout sauf de la politique. » FB François Bégaudeau est l'auteur de romans, parmi lesquels Entre les murs (Folio, 2007), La blessure la vraie (Folio, 2012), En guerre (Folio, 2020), et d'essais comme Histoire de ta bêtise (Pluriel, 2021) et Notre joie (Pluriel, 2022). -
Un président de la République qui fait son jogging devant les caméras, un footballeur antillais qui interpelle la France sur son passé colonial... chaque jour le sport et la politique agissent l'un par l'autre.
Avec un mélange d'érudition, de passion sportive et d'humour, treize écrivains contemporains explorent ce croisement entre deux mondes. Ensemble, avec François Bégaudeau, ils ont écrit ce livre multiple, foisonnant et drôle, qui réveille les mémoires, rappelle des événements essentiels comme la performance de Jesse Owens devant Hitler à Berlin en 1936, le Mundial des généraux argentins en 1978, ou encore La Marseillaise sifflée dans les stades depuis 2001. Chacun y pose forcément des questions dérangeantes (le rugby est-il collabo? le patinage artistique est-il démocrate-chrétien? la Lazio est-elle vraiment fasciste?) et plonge dans ces mythologies quotidiennes où le sport en dit beaucoup plus sur la politique que les politiques eux-mêmes.
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Parce que ça nous plaît ; l'invention de la jeunesse
François Bégaudeau, Joy Sorman
- Larousse
- 10 Mars 2010
- 9782035842930
« Les voyages forment la jeunesse », « il faut bien que jeunesse se passe », « courir après sa jeunesse »... Qui est-elle donc, cette jeunesse ? Tour à tour adulée, quand on parle pour elle, et réfrénée, quand elle prend la parole, n'est-elle pas une « invention » La jeunesse, ou plus souvent « les jeunes », ne serait-ce rien d'autre qu'un groupe aux contours flous qui entend surtout profiter de ce temps de la vie où tout est possible ? Ce livre écrit à quatre mains, expression lui-même d'une certaine jeunesse, évoque, avec humour et familiarité, « la culture jeune » d'aujourd'hui : politisée, contestataire, qui, parallèlement, se laisse volontiers aller à « la glande ». Il défend la philosophie des jeunes, sa rébellion comme sa passivité, son intégration comme son exclusion sans craindre de susciter la polémique.
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Une année en france ; référendum, banlieues, cpe
François Bégaudeau, Arno Bertina, Oliver Rohe
- Gallimard
- 1 Mars 2007
- 9782070783700
Mai 2005 : non au référendum sur la Constitution européenne. Novembre 2005 : embrasement des banlieues. Mars 2006 : mouvement anti-CPE. Une année, trois séquences politiques et autant de refus. Circulant parmi ces trois non, interrogeant leur cohérence autant que leurs contradictions, s'épargnant les imprécations du pamphlet ou le surplomb essayiste, ce texte à six jambes propose une cartographie littéraire de ce moment de la vie politique française.