Littérature
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J'ai voulu raconter l'amour tel qu'il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même. Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l'un de l'autre. C'est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n'est pas sûr. F. B.
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«Ne rien dire, ne pas s'envoler dans le commentaire, rester à la confluence du savoir et de l'ignorance, au pied du mur. Montrer comment c'est, comment ça se passe, comment ça marche, comment ça ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idées par des gestes. Juste documenter la quotidienneté laborieuse.» Entre les murs s'inspire de l'ordinaire tragi-comique d'un professeur de français. Dans ce roman écrit au plus près du réel, François Bégaudeau révèle et investit l'état brut d'une langue vivante, la nôtre, dont le collège est la plus fidèle chambre d'échos.
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Une famille n'est jamais autant une famille qu'en vacances. En vacances on voit sa peau.Durant leur congé estival à Royan, les Legendre sont très performants : la mère excelle en communication de crise, la petite en piano, et le père en running. Sa montre GPS compte ses pas. Chaque jour davantage de pas. Cette famille de la bourgeoisie parisienne est en croissance.Seul le petit dernier tarde à performer. Tarde à apprendre à lire. Ou refuse d'apprendre. Il fait peut-être de la résistance passive. Sur une plage, il creuse un trou pour l'évasion.
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Dans une France contemporaine fracturée, un ouvrier, Cristiano Cunhal, est licencié par l'usine dans laquelle il travaillait depuis quinze ans. Peu après avoir découvert les échanges érotiques de sa compagne, Louisa, et de son amant, Romain, il décide de s'immoler par le feu. Dès lors, chacun s'interroge sur les causes réelles de son acte. Poussés par la mauvaise conscience, Louisa, la prolétaire kabyle, et Romain, le bobo trentenaire, vont chercher par tous les moyens à venger l'honneur déchu de l'ouvrier sacrifié. En guerre questionne avec une rigueur implacable les déterminismes socioculturels d'un scandale lié au monde du travail qu'on pourrait ranger dans un registre purement passionnel. François Bégaudeau propose une fresque documentée d'une France fracturée, en autopsiant l'histoire d'amour utopique entre deux êtres issus de mondes qui n'auraient pas dû se croiser.
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«Depuis vingt ans à vrai dire je n'ai plus cessé de rire. C'en est troublant, presque inquiétant, une anomalie car il y aurait plutôt de quoi pleurer, tragédies, saloperies, maladies, labeur de vivre, effroi de ne plus.
Toujours j'ai donné le change, mais aujourd'hui me trouve las d'esquiver et pressé d'admettre qu'en effet il y a quelque chose qu'il ne faut plus tarder à raconter.
Le temps est venu quoi qu'il m'en coûte de remonter à la blessure.
De remonter à 86.
À l'été 86.»
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Finale de la Coupe d'Europe de football... À la fin de la deuxième mi-temps, juste avant les prolongations, un entraîneur livre d'ultimes conseils à ses joueurs et les exhorte à «jouer juste». Mais entre franc-parler et digressions métaphysiques, ce discours déborde son sujet, et vient bientôt s'immiscer le récit d'un amour passé avec une certaine Julie. Chorégraphies amoureuse et sportive sont liées plus qu'on ne le croit. Dans ce premier roman atypique, François Bégaudeau a su habiter une parole à la fois artificieuse et fébrile, badine et hallucinée. Le lecteur est emporté dans une logorrhée verbale, dont les à-côtés comiques redoublent le vertige mental, qui révèle les failles et les aveuglements de ce narrateur donquichottesque.
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Annecy, automne 1995. Jeanne Deligny, 44 ans, infirmière, est retrouvée morte sur le palier de son appartement, égorgée d'un coup de cutter.
Ce crime n'ayant aucun motif apparent, l'enquête piétine, jusqu'à la découverte d'une pièce à conviction qui permet de retrouver la trace d'un suspect.
S'inspirant de ce fait divers, François Bégaudeau n'en a conservé que les grandes lignes : la configuration du crime, son motif, et surtout l'ancrage des protagonistes dans un quotidien ordinaire. Au suspense qui sous-tend cette intrigue criminelle s'ajoute l'attention minutieuse portée à l'intériorité de personnages quelconques (enquêteurs, témoins, assassin, journalistes, proches de la victime, jurés), soudain révélés dans leur complexité moléculaire. Sans prétendre lever le mystère de leur passage à l'acte, ni distinguer le fautif de l'innocent, François Bégaudeau souligne le décor mental de ces années 90 ou les routines illogiques de l'appareil judiciaire.
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Ça s'ouvre sur un cadavre, livré par le narrateur à la «trop douce» Juliette. Elle qui d'habitude explique et guérit tout ne comprend pas. Comment l'étudiant bien éduqué qu'elle a aimé dix ans plus tôt en est arrivé là ?Il va raconter. Il y passera la nuit s'il le faut. Il parlera cru.Le prof de fac jadis humaniste va décrire un enchaînement nécessaire de faits arbitraires survenus à l'université de M., où victimes et bourreaux permutent, où le vengeur tombe dans la trappe qu'il a creusée. Où l'arroseur finit comme on sait.Il voulait jouer avec le pire de l'époque, avec la dinguerie survoltée des réseaux sociaux, avec la concupiscence vernie de morale. Il était autant le jouet que le joueur, autant la plaie que le couteau.Et maintenant il en rit.
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"La France des années 70 est un banquet gaulois où l'on boit et mange en parlant fort sous le regard magnanime de nos hommes politiques punaisés au mur comme on place un patriarche en bout de table.
Moi je suis à l'autre bout, disposé à imiter ce qui passe, à devenir un adulte comme ceux qui me nourrissent, me servent des grenadines, me reprennent si je jure, me déposent à l'école publique. Bientôt je prendrai leur place, puis celle du patriarche. Une vie se sera passée et dedans il y aura eu de la politique, dès le début et jusqu'à la fin.
Elle ne s'est pas passée comme ça." Ni manuel de conduite, ni texte prosélyte, ni justification complaisante, ni examen de conscience, ni autoportrait générationnel, Deux singes ou ma vie politique emprunte à l'ensemble de ces registres, tout en les détournant de leurs lieux communs.
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«Quand on couche pas, même si on est convaincu que ça avance à rien, animal triste et tout, eh bien on est angoissé, assez connement je dois dire mais voilà. Alors on essaie de trouver des plans, avec même de l'amour des fois, ce qui complique les choses, ou au contraire ça les simplifie, enfin faut voir, il y a un peu de tout dans ce dossier-là.» Selon un subtil désordre chronologique, ce roman à épisodes brouille les pistes de l'existence de Jules, amateur de plans improbables, journaliste sportif et célibataire intermittent. De malentendus jouissifs en gags à répétition, l'auteur tient la chronique de ses aventures et fiascos parmi une dizaine de trentenaires des deux sexes. À moins que ce jeu de rôles archi-contemporain n'implose in extremis, pour s'ouvrir à une fantaisie sentimentale, assumée dans toute sa douceur.
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« La littérature ne forme pas une famille harmonieuse réunie par une mamie centenaire. Quand bien même on aurait tout le monde à table, y compris Cendrars toujours en vadrouille, ça grimace, ça se taquine, ça se frictionne, ça se frottouille. Bernanos insulte Diderot qui fait des oreilles de lapin à Mme de Staël qui drague Baudelaire qui a encore vomi.
T'as dit littérature, t'as rien dit. »
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En tout cas t'aurais détesté qu'un prof vienne te faire un sermon là-dessus. Tu l'aurais traité de bourgeois et tu te serais bouché les oreilles.
T'aurais détesté qu'un adulte vienne t'expliquer la vie. T'aurais détesté qu'on te prenne pour un crétin marabouté par Internet.
Stéphane est professeur d'histoire. Supposé bien connaître les jeunes, il est diversement sollicité au sujet du soupçon de radicalisation qui plane sur eux. Au cours de trois face-à-face - avec un adolescent, un journaliste et un auteur dramatique -, il tente sans succès de répondre aux attentes des uns et des autres. Piégé par ce sujet toxique, son besoin de fuir devient vital.
Création du 06 au 18 juin 2017 au Théâtre Paris-Villette, dans une mise en scène de Valérie Grail.
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Mes chers amis, nous venons au-devant de vous ce soir, parce que nous avons connu cet égarement. Comme vous nous croyions résoudre le réchauffement climatique en achetant des parasols. Ou nous consoler d'un deuil en avalant une pizza. Comme vous, nous nous sommes mépris sur la cause de nos maux ; comme vous nous avons ignoré la cause des causes.
Et puis nous avons vu la lumière. Nous avons cessé de croire.
Mesdames messieurs, bienvenue dans La Bonne Nouvelle.
Façon talk-show live-tweeté, confessions intimes, conférences powerpointées, sketchs et karaoké, trois hommes et trois femmes bien nés, bons élèves, winners du capitalisme mondialisé ou supertechnocrates, racontent leur désamour d'un système auquel ils ont dédié leurs plus belles années. Qu'est-ce qui les a tant séduits dans le capitalisme ? Qu'est-ce qui les a fait changer ?
Création en 2016, dans la mise en scène de Benoît Lambert.
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Revue L'Avant-scène théâtre n.1458 : le lien
François Bégaudeau
- Avant-Scene Theatre
- Revue L'avant-scene Theatre
- 15 Février 2019
- 9782749814407
Stéphane, écrivain, rend visite à sa mère Christiane. Celle-ci se réjouit de sa visite mais le noie pendant tout le déjeuner dans un monologue qui semble ne pas le concerner. Il en déduit que sa présence est inutile et s'apprête à partir. Le ton monte. Il lui reproche en sous-main de ne pas s'intéresser à sa vie. Elle prétend s'intéresser à lui plus qu'à sa vie. L'incompréhension semble irrésoluble, jusqu'à l'arrivée de la voisine.
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François Bégaudeau, écrivain, rend compte ici, à sa manière, de la tournée promotionnelle d'un auteur, alias lui-même. Il énumère les étapes obligées de l'écrivain lors de la sortie d'un ouvrage : émission de radio, salon ou foire du livre, plateau télévisuel, séance photo, intervention en bibliothèque, signature en librairie, etc. Il donne ainsi à voir un vaste échantillon des lieux et cas de figure qui attendent ce VRP de son propre livre : entre parcours du combattant, traversée du désert et quiproquo déceptif. Si certaines situations prennent l'allure d'un gag, il s'agit moins de moquer les travers du microcosme parisianiste ou des professionnels de la culture que de mettre à nu les rouages d'une machinerie culturelle globale qui, au gré des flux de produits interchangeables, semble condamnée à faire l'impasse sur la confrontation aux textes eux-mêmes.Dans une deuxième partie, l'auteur décide de sortir de sa réserve, répond à côté, fait l'idiot ironique, torpille les débats biaisés, bref cesse de jouer le jeu de la comédie littéraire. Autant de joutes verbales qui, brisant le moule des conversations standardisées, ne cèdent pas aux règlements de compte personnels mais produisent un théâtre burlesque de l'absurde où chacun reconnaîtra une part de vérité.Enfin, nous voici transportés en 2023. Jouant sur les codes du roman d'anticipation, François Bégaudeau imagine une société française où les îlots de vie communautaire d'une jeunesse altermondialiste auraient gagné du terrain. Et c'est là, dans ces zones d'expérimentation coopérative que le narrateur se surprend à découvrir les échanges intellectuels que rend soudain possible un monde libéré des rivalités commerciales. Une façon pour l'auteur de dépasser la déploration ou la résignation en réaffirmant, à travers cette marge d'utopie, que le meilleur moyen d'interroger le rôle politique de l'intellectuel reste la fiction.
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Nous sommes plus grands que notre temps
François Bégaudeau
- D'Ores Et Deja
- 24 Janvier 2019
- 9782918527411
Il faut vivre avec son temps. Elle semble anodine cette phrase, celle qu'un patron adresse à une employée non joignable le week-end, alors même qu'elle possède un smartphone. Pourtant, cette même phrase est à l'origine d'une singulière conversation entre une femme et un homme, un couple, Elle et Lui. Lui ne semble pas comprendre la gravité, le désarroi et la solitude provoqués par cette seule phrase, chez Elle. Au détour de leur voix, un choeur s'immisce dans le fil des aveux. Le temps se conjugue au pluriel dans l'infinité des affres et des maux d'une époque, des progrès traversés, et inéluctablement de la déraison de notre temps.
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Parce que l écrivain est un être exceptionnel à l existence exceptionnelle... « Tu as vingt ans, peut-être trente, peut-être au-delà. Tu veux écrire un livre. L apprenant, certains déploreront une nouvelle fois qu à notre époque chacun se croie un artiste. Sans doute préféreraient-ils que, plutôt qu à former des phrases, tu passes tes après-midi au Centre commercial Rosny 2, cédant à ce consumérisme qu ils aiment fustiger. En tant que démagogue professionnel, je ne vois pour ma part aucun inconvénient à ton projet... ». « Tu seras écrivain si tu parles comme un écrivain; si tu parles de la façon dont on estime que doit parler un écrivain ; si, répondant à une interview, tu puises dans le corpus de croyances, mythes, superstitions, qui depuis deux ou trois siècles ont érigé, sur fond de voûte céleste, une Déesse littérature. » « Cette religion, qu il serait peut-être plus pertinent d appeler idéologie, repose sur quelques vocables-clés listés dans ce livre. Tache de prendre au mot ce bréviaire et de le réciter à la lettre aussi souvent que possible. Ils te reconnaitront. » Pertinent, insolent, décapant, François Bégaudeau livre avec humour une vision décalée du métier d écrivain.
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Quelqu'un s'avance là et c'est une femme.
Mettons qu'on ne fasse que la regarder et l'entendre. Regarder comment elle parle, entendre comment elle raconte. Non pas ce que ça cache mais ce que ça montre. Quelqu'un s'avance là et tout y est. Le monde entier dans sa voix, ses mots, ses mimiques. Pendant que l'Histoire poursuit son chemin héroïque et vain, un précipité de modernité se pose là et c'est une femme.
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L'ancien régime : la première femme à l'Academie française
François Bégaudeau
- Steinkis
- Incipit
- 23 Mars 2016
- 9782368460092
L'auteur revient sur les motifs politiques, moraux, religieux et sociétaux qui ont empêché, depuis l'Ancien Régime, l'accès des femmes à l'Académie française.
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« Pourquoi un âne premier sur la piste ? Décision alphabétique.
Pourquoi un a en tête du cortège des lettres ? Prérogative originelle.
D'une bouche nouvellement née sort un a primal à quoi succède un b qui prenant les devants inculquera le b.a.-ba. C'est ainsi qu'animal, par quoi tous commençons, commence par une semblable inspiration.
Tout se tient.
Presque trop.
Il serait bon parfois qu'on ne sache pas bien à quoi rime tout ce cirque. »
François Bégaudeau compose, entre réel et fiction, essai et comique, léger et sérieux, son abécédaire subjectif. -
Au commencement était la grossesse, le ventre rond, empli de vie, gros de promesses.
Mais aussi d'appréhensions, de réflexions, de souvenirs... Car l'attente de l'heureux événement engendre une foule de sentiments et de mouvements contradictoires et c'est pour les futurs parents l'occasion, souvent, de faire le point sur leur propre existence. Au début est un romande femmes écrit par un homme, qui nous entraîne dans l'infini mystère de la gestation : telle n'y avait pas songé et puis c'est arrivé ; telle autre a dû avoir recours à la fécondation in vitro ; telle autre encore en aurait sans doute voulu mais se voit confrontée aux réticences de son partenaire.
A ce choeur féminin se mêle la voix d'un père qui recourt à une mère porteuse. Treize tendres aventures pleines de suspense, d'humour et d'amour.
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Dans la diagonale nous installe d'emblée dans la conscience troublée d'un trentenaire. Sa hantise ?
Croiser dans la rue d'anciennes connaissances et se mettre en devoir d'échanger avec elle (ou lui) les sempiternelles « répliques de circonstance ». Pour se préserver de telles retrouvailles impromptues, il passe son temps à bifurquer, s'écarter, fuir les fantômes de sa vie passée.
Jusqu'au jour où, tombant sur Jacques, un ami de lycée, il se fait inviter en week-end, à la campagne.
Nulle échappatoire, cette fois. L'asocial maladif est comme pris au piège.
Après un périple à rebondissements en auto-stop, il rejoint la maison de son ex-camarade de classe et cherche ses marques en terrain inconnu. Déjà, la soirée bat son plein. Une quinzaine de convives, couples et célibataires, échangent des banalités middle-class, s'attablent et trinquent, se défient puérilement au ping-pong, commentent tautologiquement les images TV de l'armée américaine entrant dans Bagdad, se resservent à boire, commencent à se reluquer salement, à se peloter en douce, à s'éclipser dans les toilettes, comme l'exige la fièvre du samedi soir. Simple ersatz de débauche ? Régression pseudo-festive ? Au terme de ce coma collectif tout dérape jusqu'au viol, consommé ou non, de la femme de Jacques, Anabelle, par le narrateur.
Bouc émissaire de cette fin de beuverie, lui n'a plus qu'à fuir loin de ce milieu devenu hostile, loin des moeurs rituelles de sa génération. Fuir en rase campagne, bientôt rejoint par un certain J?, autre trouble-fête de la soirée. Dès lors, leur cavale endiablée va esquisser une autre aventure possible, une vraie complicité à deux, puis à trois, et tant d'autres compagnons de virée maintenant que tous les ponts sont coupés.
On ne saisirait pas toute l'inquiétante étrangeté du deuxième roman de François Bégaudeau, si l'on ne parlait pas de sa construction. Tout le livre est en effet centré sur la perception d'un narrateur qui n'arrive pas à dire « je », qui n'est jamais que le témoin passif de chaque scène, sa boîte d'enregistrement. D'où l'étonnante sensation d'assister à un jeu de rôles social et psychologique du point de vue clinique d'une caméra de surveillance. Ne restent ainsi que des comportements et des dialogues cruellement mis à distance pour mieux révéler leur convention ou leur vacuité.
Mais cette satire glacée des us et coutumes d'une génération n'aura pas le dernier mot. Elle va connaître un brutal dérèglement qui permettra au héros, jusque-là hors -jeu (hors -je ?), de prendre enfin la tangente, de partager des sensations neuves et de retrouver l'usage d'une langue vivante. Comme si l'hyperréalisme désenchanté de cette fiction trouvait enfin son issue, son second souffle débridé dans un roman d'émancipation.
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Une certaine inquiétude ; un athée qui croit un peu, un chrétien qui doute beaucoup...
François Bégaudeau, Sean Rose
- Albin Michel
- 3 Janvier 2018
- 9782226326607
Avoir la foi, y revenir, l'abandonner ou s'en passer : autant d'interrogations auxquelles nous avons cru, à tort, échapper. En réalité, pour beaucoup d'entre nous, la question de Dieu n'est pas réglée : l'échange épistolaire de deux écrivains quarantenaires, François Begaudeau et Sean Rose, nous montre combien ce sujet demeure vif, brûlant, inquiet.
Le premier est un athée déclaré... tellement questionné par la geste du Christ qu'on pourrait dire qu'il croit un peu ; le second est un croyant pratiquant... tellement désorienté par les réalités humaines, trop humaines, qu'on pourrait dire qu'il doute beaucoup. Leur échange est une dispute théologique rythmée par la fureur de l'amitié. Leurs confidences sur des vies sinueuses font place au paradoxe :
L'athée se baptise soudain « écrivain chrétien » quand le croyant lutte pour ne pas perdre une foi précaire. Il y a une impatience dans ces pages qui cherchent la vérité.
Qu'attendent-ils chacun ? Une révélation ?